• 28.02.2020

Point de Vue CO2, je t’aime moi non plus…

Sans odeur, invisible et impalpable, il représente aujourd’hui environ 0.04% (400 ppm) de l’air que l’on respire. Pourtant, malgré sa concentration infime dans l’atmosphère, le dioxyde de carbone (CO2) est devenu l’ennemi public numéro un à l’échelle mondiale. Ce gaz mérite-t’il cette mauvaise réputation ? 

Revenons quelques milliards d’années en arrière quand les premiers signes de vie sont apparus dans l’océan. A cette période, les températures atteignaient entre 40 et 80ºC ce qui représentait les conditions idéales pour la prolifération des premières cellules vivantes. Comment de telles températures ont pu exister à la surface de notre planète ? C’est l’effet de serre et notamment l’abondance du CO2 dans l’atmosphère qui en sont la cause. Dans le passé, ce sont principalement les éruptions volcaniques, la respiration des espèces vivantes, les feux de forêt et les marécages qui émettaient ce gaz.  Sans ces émissions, les températures seraient largement négatives sur Terre et donc l’eau liquide n’existerait pas. Sachant que la vie repose sur la chimie du carbone et la présence d’eau, sans le CO2, nous ne serions pas là aujourd’hui! Mais alors pourquoi tant de mépris envers ce gaz ?

Car en seulement deux siècles, nos activités ont fait doubler les concentrations de CO2 atmosphériques, entrainant un renforcement artificiel de l’effet de serre, et donc un dérèglement du thermostat de la Terre. En brûlant des carburants fossiles, nous avons rempli l’atmosphère avec du carbone provenant des sous-sols, mais aujourd’hui la coupe est pleine. Pour éviter un débordement qui aurait des conséquences désastreuses et irréversibles sur le monde vivant, il est essentiel de fermer les robinets et en premier lieu de laisser le carbone fossile dans son milieu d’origine. Mais comment faire quand toute notre économie est basée sur l’extraction de ce carbone ? Lui qui représente notre principale source d’énergie, lui qui, sous forme de pétrole, est la ressource de base de l’industrie chimique et se retrouve notamment dans nos habits, nos maisons, nos meubles, nos téléphones, nos véhicules, nos médicaments. Lui qui nous permet de nous chauffer, de voyager, d’avoir des routes et des habitations solides. La fièvre monte en imaginant nos vies sans tout cela, mais ne pouvons-nous pas trouver d’alternatives ? La solution n’est-elle pas sous nos yeux ? Cet excès de CO2 dans l’atmosphère ne pourrait-il pas justement être utilisé comme une nouvelle source de carbone ?

Depuis quelques années, de grands projets ont été créés dans le but de capter le CO2 directement dans l’air ambiant ou dans les gaz de combustions, notamment ceux des industries à haute intensité. Ce gaz capté peut être converti, soit en source de carbone pour l’industrie chimique, soit en carburant de synthèse (par exemple en gaz naturel synthétique). Il peut aussi être stocké à long-terme dans les matériaux de construction dans lesquels il est injecté comme agent de durcissement par exemple. Ce concept de captage et d’utilisation du CO2 a le pouvoir de révolutionner nos systèmes énergétiques et industriels. Un déploiement global permettrait aux industries les plus polluantes, notamment celles qui ne peuvent technologiquement pas utiliser directement l’électricité renouvelable, de s’affranchir des carburants fossiles et de largement et rapidement décroître leurs émissions de CO2. Ces diminutions viendraient s’ajouter aux efforts individuels et collectifs nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Il ne manque plus que des incitations politiques ciblées en vue de déterminer le prix du CO2 et d’encourager l’innovation et le développement de ces technologies à grande échelle.

Laissons donc ce bon vieux carbone fossile reposer en paix, innovons passionnément, et donnons sa chance à ce CO2 : source de vie, vecteur d’énergie, et ressource inespérée dans ce monde qui est à réinventer.

Célia Sapart, Climatologue 

 

Concernant l’auteure : Célia Sapart est climatologue et glaciologue à l’ Université Libre de Bruxelles et experte Climat et Communication chez CO2 Value Europe. 

Pour plus d’informations :

https://solaupolenord.org/celia-sapart/

https://www.linkedin.com/in/c%C3%A9lia-julia-sapart-76460937/

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