Dans « De langue à langue. L’hospitalité de la traduction », le philosophe sénégalais analyse la traduction sous l’angle de l’inégalité entre langues dominées et langues dominantes.
Souleymane Bachir Diagne, l’une des voix d’Afrique les plus importantes, analyse le phénomène de la traduction dans une perspective historique, sous l’angle pertinent et neuf de l’inégalité entre langues dominées et langues dominantes. Mais il n’y va pas seulement de cette question capitale, il y a aussi une autre question plus propre aux auteurs, écrivains, poètes, philosophes : adopter, conquérir une langue plus universelle que peut l’être, parfois, sa langue native. Nous pouvons citer ici des personnes qui ont traduit leur langue maternelle dans une langue de « l’hospitalité », comme Léopold Sédar Senghor, Elie Wiesel, Emmanuel Levinas, Cioran, François Cheng, Kundera, Jorge Semprún, pour ne citer que des auteurs qui ont opté pour le français et non pour leur langue maternelle ni pour la langue dominante qu’est l’anglais.
Deux syntagmes cités par Souleymane Bachir Diagne méritent d’être rapportés : « venir habiter notre langue » et « inséminer le français », pour reprendre le mot du poète mauricien Edouard Maunick. Senghor parlait du métissage culturel, ce qui est une autre façon de dire « la langue inséminée ».